Inauguration festive en prélude à la saison « Rêvolution »
Tanka, nouvelle salle de Saint-Jean de Luz, ne proposant pas de perchoir c’est du 10ème rang, confortablement assis, que j’ai pu apprécier la très bonne acoustique, détaillée, équilibrée de ce nouvel « équipement culturel », vaste, bien isolé des bruits extérieurs, même si le foyer – entrée -accueil aurait tout à gagner, lui, à un traitement acoustique évitant le brouhaha extrêmement sonore qui gâche grandement les discussions avant, ou surtout après-concert autour du bar sympathique.
L’OSPB-Iparraldeko orkestra au grand complet était sous la baguette de Jean-François Heisser (qui, de fait dirige plutôt « à mains nues ») pour un programme original, festif, qui faisait la part belle à la musique française avec Bizet et Ravel en bis et le Caprice basque op24 de Sarasate (quasiment français lui aussi, n’est-ce pas, lui qui était souvent présent à Biarritz, jusqu’à y décéder, qui a offert son violon au Conservatoire de Paris…).
La violoniste Noemi Gasparini, lauréate de l’Académie Ravel 2022 a donné une interprétation virtuose, musicale, engagée de ce Caprice basque, dans lequel les harmoniques, les cordes pincées de la main gauche pendant que la mélodie s’affirmait sous un archet ferme étaient magnifiquement maîtrisées, sans jamais la moindre dose d’agressivité….Une sonorité toujours agréable, une dynamique rendant à Sarasate tout ce qui était présent dans cette œuvre à la virtuosité quasi diabolique… un violoniste comme Sarasate ne pouvait certainement pas composer une œuvre simple à interpréter, ou mièvre ! Mission accomplie pour l’auteur et l’interprète. Devant l’enthousiasme du public, le Bach donné en bis a confirmé la beauté du chant du violon et la maturité musicale de cette jeune soliste. Sans prendre de risque nous pouvons lui prédire un avenir plein de succès.
L’orchestre a fait preuve d’une excellente tenue sous la férule d’un chef précis, ferme dans ses choix. La petite harmonie était excellente avec des solistes (une mention spéciale pour le hautbois solo dans la première suite de Carmen) qui ont été présents et bien équilibrés. Les cuivres, jamais tonitruants ou dominateurs, les percussions précises, ont fait la part belle aux orchestrations brillantes de Bizet, ou plus exactement, dans les deux suites de Carmen, de son élève Ernest Guiraud dont le nom aurait sans doute pu être présent dans le programme, par ailleurs bien réalisé, même si les contrebasses y ont été oubliées…. Quant aux cordes, l’ensemble a été remarquable, dynamique à l’image de la Violon solo Marina Beheretche. Alors, bien sûr, dans cette salle aurions-nous aimé des pupitres d’altos et de contrebasses un peu plus fournis ? Ou bien est-ce la salle qui ne flatte pas les basses ?
En résumé, un concert d’avant-saison qui promet de bien beaux moments tout au long de cette année de « Rêvolution » de l’Orchestre Symphonique du Pays Basque / Iparraldeko orkestra.
Profitons aussi de l’occasion pour remercier la ville de Saint Jean de Luz d’avoir su construire ce lieu culturel et souhaitons à Tanka toutes les réussites à venir !
Le golfeur mélomane.