« Rêvolution » : concert d’ouverture
C’est la rentrée, un nouveau chef arrive, les pupitres s’étoffent, les solistes sont de classe internationale… c’est la rêvolution… et surtout, c’était la fête hier soir, 14 octobre 2023, avec, le premier concert de la saison 2023-2024 de l’Orchestre du Pays-Basque- Iparraldeko Orkestra ! De quoi oublier un moment les drames de cette période si tristement troublée.
Le programme « Mozart et Beethoven révolutionnaires » a été particulièrement bien servi au Théâtre Michel Portal de Bayonne. Une salle qui n’est pas très flatteuse, où « tout s’entend » quand on est dans le public, hier soir était devenue excellente… c’est dire combien les musiciens ont su s’adapter !
Le cœur de ce programme était le célèbre « Triple Concerto » en Do, op56, pour violon, violoncelle et orchestre. Il suffit donc, en principe, de réunir trois solistes brillants et virtuoses et un orchestre (très bon si possible) dirigé par un excellent chef et… on obtient trop souvent une prestation plutôt ennuyeuse…. Pas comme celle d’hier soir qui réunissait UN soliste le Trio Wanderer et l’orchestre (très bon) et le chef (excellent) ! Et là, nous avons eu une interprétation hors du commun ! Certes les trois membres du Trio Wanderer, pris individuellement, sont brillants, ont une carrière de solistes, mais là n’est pas le génie de l’interprétation d’hier soir : Jean-Marc Phillips-Varjabédian au violon, Raphaël Pidoux au violoncelle et Vincent Coq au piano forment un seul interprète, un trio, le Trio Wanderer. La complicité, la complémentarité, l’expérience des trois musiciens, alliées à un accompagnement en finesse du chef, Benoît Fromanger, qui a dirigé l’Orchestre du Pays Basque, Iparraldeko orkestra en symbiose avec les solistes a donné un résultat exceptionnel. Beethoven a beaucoup innové, en rupture avec les schémas classiques. Ainsi a-t-il réservé au violoncelle solo, l’exposition du thème initial, et de bien d’autres passages qui, classiquement, auraient dû dévolus au violon…. Personne hier ne pouvait s’en plaindre, tant Raphaël Pidoux a un pâte sonore, une virtuosité, une maîtrise au service d’une expressivité pour un résultat proprement extraordinaire et émouvant. Bien sûr ses deux compères étaient intrinsèquement au même niveau, mais Beethoven en avait décidé autrement…. Le violoncelle soliste, est particulièrement sollicité, certes, mais aussi les violoncelles et contrebasses de l’orchestre qui ont un rôle de mise en atmosphère particulièrement réussi hier soir, notamment au tout début du premier mouvement. Bravo à eux non seulement pour leur finesse de jeu mais aussi pour leur présence solide !
Cette interprétation du Triple concerto de Beethoven restera dans les mémoires de ceux qui étaient présents hier soir au Théâtre Michel Portal, (complet) ou à Louhossoa aujourd’hui (complet également).
Le programme avait commencé avec l’Ouverture des Noces de Figaro de Mozart, amenée avec une exubérance de bon aloi pour annoncer une « Folle Journée »… peut-être un tempo à peine un peu moins vif aurait-il pu faciliter la tâche aux violonistes… qui ont, néanmoins, été excellents, tout au long du concert.
Après un court entracte la 6ème symphonie, Pastorale, en Fa op 68 de Beethoven a permis à tout l’orchestre de faire valoir ses qualités. Il est bien lointain et oublié le temps où un concert sans « canard » des cors ne pouvait être qu’un concert sans cor. Et hier les deux cornistes ont été brillants, précis, avec de belles sonorités (et, bien sûr, les volatiles sus-nommés n’ont pas eu leur mot à dire !), tout comme les deux trompettistes sur instruments « allemands » et les trombones. Du grand art ! Bien souvent on oublie que tous les instrumentistes à vent dans un orchestre symphonique sont des solistes, même s’ils ne sont pas perçus ainsi par l’auditeur. Et toute la petite harmonie a été magnifique, du piccolo et des flûtes, aux bassons (allemands eux aussi, bien évidemment) en passant par les excellents hautbois. Toutefois une mention particulière pour les clarinettistes…. Là aussi Beethoven a choisi de donner de nombreux passages très brillants à la première clarinette, pas au hautbois (ou à la flûte) … bravo pour hier soir, Tanguy Gallavardin (et aussi Genti Dollani).
Tout l’orchestre a été d’excellent niveau, mené par un chef qui, vu de la salle, paraissait d’une grande précision et d’une grande clarté… et je suis quasiment certain que ses mimiques devaient entraîner particulièrement bien les musiciens. Quoiqu’il en soit le résultat était, là…. Une petite pensée pour le pupitre des altos qui a vaillamment assuré une partie si importante, alors qu’à mon sens ils étaient en nombre un peu réduit…mais ça n’a pas été perceptible !
Après ce magnifique programme, l’enthousiasme du public a été récompensé par « Les Petits Riens »…. Mais de Mozart ! Merci à tous…. Et merci aussi à Benoît Fromanger qui a interpelé avec justesse et bonhomie le public !
Alors rendez-vous est pris pour le prochain concert (oublié par le rédacteur du programme édité par la Scène Nationale), à Saint Jean de Luz avec un nouveau monument, le concerto pour Violon de Beethoven. Et puis ceux qui n’étaient pas là hier soir pourront découvrir « notre orchestre » dans les Noces de Figaro et la Symphonie Pastorale, pour les autres ce sera néanmoins un plaisir de les ré-entendre, tant pis pour la découverte….
Le golfeur mélomane (descendu de son perchoir depuis qu’il est abonné !).