Chefs d’œuvre tchèques – Quatuor Arnaga

DU HAUT DE MON PERCHOIR, en l’Eglise Notre Dame de l’Assomption de Labastide Clairance j’ai pu constater, hier 31 mars, que les vendredis se suivaient et ne se ressemblaient pas…. L’OSPB présentait un concert du quatuor Arnaga : Chefs d’œuvre Tchèques, et c’était magnifique !

Un quatuor inspiré, engagé, vivant ses émotions et les transmettant au public pendant leurs interprétations des chefs d’œuvre du romantisme d’Europe Centrale. Les présentations simples mais érudites et précises, dites clairement par Yves Bouillier ont permis au public, hélas trop peu nombreux, de découvrir Smetana et Dvorak autrement que par la Moldau ou la Symphonie du Nouveau Monde.

Le programme était riche avec tout d’abord une interprétation bouillonnante, lyrique, du quatuor n°1 de Bedrich Smetana intitulé « De ma vie ». Cette œuvre donne à comprendre combien cette vie n’a pas été simple, en particulier dans la période de son écriture (1874), à un moment où les « conservateurs » trouvent le compositeur dans ses ouvrages ou ses implications dans la vie musicale Tchèque trop modernistes, où des troubles auditifs apparaissent, qui  aboutiront rapidement à une surdité totale à 50 ans et encore le deuil de sa fille disparue 9 ans plus tôt à seulement 3 ans… La composition est empreinte de toute cette ambiance, et même la Polka qui constitue le deuxième mouvement n’a pas réellement grand-chose de joyeux… L’écriture fait la part belle à l’alto qui ouvre quasiment l’œuvre et est constamment sollicité, bravo à Aurélien Grais dont la belle sonorité a su mettre en valeur les nombreuses interventions qui lui étaient confiées. Bien entendu Arnaud Aguergaray et Aurélia Lambert ont été impliqués dans ce climat très slave, ou du moins très pathétique, parfois très sombre comme dans le Largo  qui, même s’il est initialement dédié à son amour pour son épouse de la période heureuse, ce temps est révolu… Enfin le Vivace final, d’une écriture complexe, virtuose, est interrompu par un Mi suraigu du premier violon, seul… sans aucun doute un des acouphènes annonçant la surdité du compositeur, une stridence quasiment insupportable, avant une répétition de thèmes tronqués, puis étouffés… avec, une fois de plus l’alto et surtout le violoncelle de Yves Bouillier, magistral, mais ça, ce n’est guère une surprise. Une très grande œuvre, que, pour ma part, je ne connaissais pas…

Le quatuor Américain d’Antonin Dvorak est son 12ème . Il a été écrit dans l’Iowa. Ce séjour a permis à Dvorak de retrouver des racines Tchèques, avec un petit group d’immigrés, mais aussi et peut-être surtout de s’imprégner des chants de prière de la communauté noire. La campagne américaine lui a aussi donné l’opportunité de noter le chant d’une espèce locale de fauvette, confié ici au 2nd violon. L’œuvre est très célèbre et le quatuor Arnaga a confirmé sa virtuosité, son homogénéité, la qualité de ses solistes… Un moment de pur bonheur !

Alors, certes, il n’y avait qu’une soixantaine de personnes, mais certains habitants de Labastide-Clarance ont pu découvrir un quatuor dans une musique magnifique et accessible, mais pour beaucoup inconnue et ont confié à qui voulait l’entendre que c’était une expérience à refaire ! Gageons que leur vœu sera exaucé ! Même si le Grand Echiquier à la télévision a dû être une concurrence redoutable… Et l’Eglise, fort belle une fois de plus, était magnifiquement mise en valeur, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’acoustique un peu trop résonnante quand on était dans la nef était parfaite depuis la 1ère galerie, mon perchoir d’hier soir !  Avec une église pleine je suis certain qu’il doit être possible d’avoir une acoustique agréable partout, et, de plus, il y a de la place dans le chœur… alors vivement le prochain concert !

Le golfeur mélomane

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