9 – Dimanche 9 mars à 17h15, Grand Auditorium, Orchestre Symphonique de Castille et Léon, dir. André de Ridder (concert 45)
Une autre symphonie du dernier grand romantique allemand, Johannes Brahms, contemporain de Tchaïkovsky, l’immense compositeur qui fut longtemps méprisé en France, car trop « germanique », ce qui était synonyme de « lourd ». Il est pourtant l’un des trois B de la plus glorieuse des écoles nationales musicales: Bach, Beethoven, Brahms.
Johannes BRAHMS (Hambourg 1833 – Vienne 1897)
Symphonie n°4 en mi mineur, op.98
Brahms n’a pas égalé le nombre de symphonie de Beethoven, mais a donné dans ce genre quatre chefs-d’œuvre. Sa quatrième et dernière fut créée en 1885 à Meiningen sous sa direction. Elle fut quasiment la seule œuvre qu’il composa en 1885, pendant sa résidence d’été à Mürzzuschlag en Styrie dans le sud de l’Autriche. Si la Troisième symphonie op. 90 avait un caractère héroïque, la Quatrième pourrait dans son ensemble être qualifiée d’élégiaque. Elle est un peu une « symphonie d’automne » selon le musicologue Claude Rostand : automnale et essentiellement nordique, elle est imprégnée d’une humeur tourmentée, fougueuse, parfois rude et solitaire qui nous fait retrouver le Brahms bas-saxon d’Allemagne du Nord, amoureux des campagnes plates, des landes grises, des ciels bas, un monde plein de mélancolie. Par ailleurs, on peut déceler dans ses deux premiers mouvements des accents dvorakiens annonciateurs de la Symphonie du Nouveau Monde et du Concerto pour violoncelle.
1. Allegro non troppo, le premier thème inquiet et sensuel est immédiatement énoncé par les violons. Le second apparaît plus tard, après une sorte d’appel héroïque, et il est aussi confié aux violons puis aux hautbois : une belle et ample mélodie.
2. Andante moderato, une page qui exprime la dimension narrative, légendaire de la musique brahmsienne. Le thème est un appel des cors, rigide et archaïque, doublé ensuite par les bois, sur un rythme de marche qui se resserre peu à peu. Le second thème est une noble cantilène confiée aux violoncelles puis aux altos et bassons. Après le développement aux denses transformations, très lyrique et profond, la cantilène revient aux violons. La coda conclut sur le premier thème.
3. Allegro giocoso, il peut être comparé à un scherzo, par son allure. Sa forme se rapproche du rondo-sonate. Il débute par un thème énergique, robuste, suivi d’une fanfare. Le lyrisme y garde ses droits avec le deuxième thème gracieux donné aux violons. L’ensemble révèle les origines simples et populaires du compositeur.
4. Allegro energico et passionato, construit sur le modèle pré-classique de la chaconne, c’est le plus prodigieux édifice de variations de toute son œuvre symphonique. Le thème de huit mesures, en forme de choral, aux vents, est emprunté avec de légères modifications à la Cantate BWV 150 « Nach dir, Herr » de Bach. Les trente-cinq variations exposent un matériau sans cesse renouvelé. Au milieu, un épisode plus lent a un caractère religieux avec son écriture en choral. L’ampleur de ce mouvement riche et impressionnant après le charme des deux premiers mouvements, la vitalité du troisième, font de cette symphonie celle qui est à juste titre la plus estimée du compositeur.
