Autour de Ravel
A moins de 200 m de la maison de naissance de Maurice Ravel, un ensemble de chambre de l’Orchestre du Pays Basque – Iparraldeko orkestra et leurs invitées avaient investi la superbe salle de concert du couvent des Récollets à Ciboure. Évidemment le Golfeur Mélomane y était ! Une magnifique salle, ancienne chapelle, une acoustique exceptionnelle recevaient un ensemble musical du plus haut niveau pour un programme tout à fait original. Le Septuor « Introduction et Allegro » de Maurice Ravel pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes servait d’élément central, les autres œuvres du programme avaient, en effet, été crées pour cet ensemble peu banal. Cette commande faite à Ravel par Erard participait d’une rivalité commerciale entre Erard et Pleyel qui avait commandé peu de temps avant une pièce à Debussy. La harpe chromatique Pleyel a disparu depuis, le mécanisme Erard a été à l’origine des harpes modernes… Ce n’est certes pas une œuvre majeure du court catalogue de Ravel (pas plus que les deux « Danses sacrée et profane » que Debussy avait écrites pour Pleyel) mais magnifiquement valorisée hier soir par Christine Icart, qui a mis en avant les traits, les cascades de glissandi avec dextérité et musicalité associées aux belles sonorités de la flûte, de la clarinette et du quatuor ces deux mouvements ont séduit le public et les rappels des instrumentistes autour de Christine Icart l’ont largement démontré.


La soirée commençait par une création mondiale de Benjamin Attahir, en résidence au CRR Conservatoire Maurice Ravel. L’œuvre, très complexe, voire compliquée et très virtuose pour tous les instruments a été magnifiquement servie par la flûtiste Aude Guillevin qui a déployé tout un éventail musical de l’infra-tonal à la plus extrême virtuosité. La présence d’une très belle clarinette basse et le dynamisme du quatuor et de la harpe ont permis au public d’apprécier cette création mondiale qui a rencontré un très bon succès auprès du public de Ciboure. Dommage que son auteur n’ait pas été présent.


Le programme a donné ensuite à entendre une transformation de Ma Mère l’Oye réalisée par l’excellent Joël Mérah, particulièrement réussie. A l’origine écrite pour piano à 4 mains et créée par 2 enfants de 6 et 10 ans en 2010, la partition connut de nombreuses transformations allant jusqu’à la version pour ballet avec un grand orchestre. Hier soir donc, une version très intimiste, éclairée par une récitante, Madame Camille Panonacle, qui réussit magnifiquement sa mise en perspective des contes de Charles Perrault, aussi bien dans l’écriture de ses textes que dans sa présence sur scène. Un très beau moment, poétique, encore grâce aux qualités musicales des interprètes et à la finesse de l’adaptation réalisée par Joël Mérah. Une mention toute spéciale pour les Entretiens de la Belle et de la Bête dans lesquels la clarinette basse de Tanguy Gallavardin fit merveille !
Un très grand succès suivit cette prestation et l’auditoire fut gratifié d’un très beau bis : Laideronette, Impératrice des Pagodes !

Merci au septuor et au concepteur du programme… On peut facilement imaginer la quantité hors normes du travail qui était derrière ces si belles interprétations. Et bravo au public qui a si bien accueilli de la musique tout à fait contemporaine. Et aussi merci au présentateur, le violoncelliste Yves Bouillier, dont les éclairages ont été bien utiles.
Prochain rendez-vous à Saint Pée sur Nivelle, Bayonne et à Musikene à Donostia- une grande première- pour « Mozart & Saint Saëns, œuvres de jeunesse » du 12 au 14 avril.