Magnificat

Le golfeur mélomane et étourdi, tout surpris de ne voir grand-monde à l’église Saint Léon se rappela qu’Anglet possédait 7 églises ou chapelles et se rendit donc à l’Eglise Sainte-Marie où l’attendait un alléchant programme Haendel-Bach pour célébrer dignement les 10 ans de l’Ensemble Ascèse. La Scène Nationale persistant à ne pas réserver de place pour les abonnés de l’Orchestre du Pays-Basque il fallut donc faire la queue puis chercher et trouver une petite place sur un des bancs de l’église et enfin attendre, attendre… Les musiciens se mirent en place 10 minutes avant l’heure et à 18h les membres du chœur allèrent se dissimuler sous l’autel…et…nous attendîmes. Le public impatient et mal habitué par la ponctualité généralement observée, à 18h08 fit savoir son étonnement par des applaudissements prématurés, de même à 18h12 et enfin à 18h15, Monsieur le Maire d’Anglet, qui , depuis le début, attendait, lui aussi, que cela commençât, prit le micro pour évoquer le soutien que la municipalité d’Anglet apportait à l’Ensemble Ascèse depuis 10 ans ce à quoi répondit avec gratitude et émotion le chef de chœur, Philippe Mendes, et une accolade plus tard le chœur et l’orchestre entamèrent le véritable programme du jour…

Le Dixit Dominus HWV 23 de GF Haendel ouvrait donc la partie musicale de cette fin d’après-midi.

Cette œuvre dense fut admirablement servie par les 21 choristes du chœur Ascèse, rehaussés par l’accompagnement équilibré, jamais envahissant des cordes de l’Orchestre du Pays-Basque- Iparraldeko Orkestra. Le Chœur montra aussi sa richesse en fournissant tous les solistes vocaux nécessaires parmi lesquels les dames furent particulièrement mises en valeur. A côté des remarquables interventions des deux sopranos, Isabelle Castillon et Eva Ploutier, un moment mémorable de beauté discrète mit en évidence la finesse musicale du continuo réalisé par Emmanuelle Baquet au violoncelle en dialogue avec Leticia Vergara, magnifique voix d’alto, très présente et stylistiquement parfaite. D’ailleurs tout au long du programme la réalisation du continuo fut magnifique d’à-propos, de justesse d’intention, par la violoncelliste au premier chef, mais aussi selon les moments, la claveciniste et organiste, Juliette Val ainsi que la bassoniste Johanna Pensec et le contrebassiste Marin Béa.

Le programme donnait ensuite à entendre la 3ème suite de JS Bach, BWV 108 célèbre par son Aria mais aussi pour son ouverture à la française et des danses enjouées qui demandent aux trois trompettistes des qualités de suraigu, qui étaient bien présentes hier soir chez Laurent Dupéré, Stéphane Gouezytes et Fabien Durou. Qui a dit que Bach était sévère ?

Après un bref entracte le Magnificat BWV 243 de Bach donné hier dans sa version définitive en Ré majeur fit résonner l’église de magnifiques moments. Les chœurs énergiques et manifestement heureux d’être rehaussés des aigus des trompettes firent partager l’enthousiasme généré par une écriture jubilatoire. Les solistes vocaux mis pourtant parfois à rude épreuve firent montre de leurs qualités déjà évoquées et même le Deposuit potentes qui donne parfois lieu à des interprétations montrant les limites de certains ténors fut fort bien chanté par Inigo Vilas. Je n’oublierai pas de mentionner également les superbes interventions en quatuor à cordes (Marina Beheretche, Patrick Prunel, Sandrine Gueras et Emmanuelle Bacquet), le duo de flûtes (Aude Guillevin et Sophie Bousquet) ou au hautbois d’Amour (Claire Charut). Comme il faut bien être objectif je n’aurai qu’un regret : celui que le Sicut locutus est n’ait pas fait montre de plus de synchronicité et d’énergie….

La direction de Philippe Mendes était claire, précise, et a su tirer tout ce monde vers des sommets ! Bravo au chef de chœur doublé d’un excellent chef d’orchestre

Lors de l’entracte j’appris les raisons du retard : il y avait, dehors une trentaine de personnes qui n’avaient pas encore de billet alors que la salle était pleine… et l’équipe organisatrice, dès 18h fit le bilan des places encore réellement libres alors que le concert était complet et distribua leur billet au plus grand nombre possible…. Un sacré travail avec des bancs d’église… merci pour tout ce public supplémentaire et pour les équipes sur place !

Mais je n’ai pas pu poser la question qui me taraude encore : pourquoi 21 choristes, dont 8 messieurs pour le Chœur Ascèse ? Moi qui croyais voir 16 chanteurs répartis entre les 4 voix, mais il est vrai qu’il y avait des soprani 1 et 2…

En tout cas une excellente soirée dans une fort belle église Art Déco, avec une très bonne acoustique.

Vivement les prochains concerts… plus que 2, hélas , mais prometteurs : Argentin à l’Auditorium Grenet le 9 juin à 11 heures et grand orchestre symphonique dans l’Espace  (les Planètes et Starwars) le 13 juin au Théâtre Quintaou à 20h.

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