Une rencontre écossaise
L’écossaise disaient le programme et les rares affiches en ville, avec la photographie d’un clarinettiste connu…. Curieux, le golfeur mélomane est donc allé à Saint-Jean de Luz pour découvrir ce qui se cachait derrière cette accroche énigmatique et un brin provocatrice en ce jour de rencontre France-Ecosse, dans un tout autre domaine.… Le visionnage de « l’avant-concert » m’aurait été bien utile…. La vidéo est toujours disponible sur le site de l’orchestre ospb.eus.
Pour être donc un peu caché, le programme de ce concert n’en était pas moins riche et original et méritait mieux en publicité ! Il y avait certes la Symphonie n°3 Ecossaise de Félix Mendelssohn-Bartholdy qui clôturait le concert. Mais bien autre chose aussi.
Après une Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, un peu terne, malgré le talent du corniste et les belles sonorités, mâtinées cependant de quelques minimes fausses notes de la « petite harmonie » l’originalité du programme a été tout de suite présentée au public. C’est donc Nicolas Badeyrou qui est arrivé. Le clarinettiste virtuose s’est d’emblée révélé le musicien hors pair que, peut-être d’aucuns ne connaissaient pas dans la salle. La clarinette ? Mais si ! vous savez, un tuyau noir avec plein de clefs, comme un hautbois, alors ? Bref ! Pour la première fois sur notre planète, comme l’a souligné le chef Benjamin Lévy, dont nous reparlerons… la sonate Op167, une des dernières œuvres de Saint Saëns a été donnée dans la transcription pour clarinette et orchestre à cordes réalisée par le clarinettiste solo de ce soir. Dès les premières mesures la belle sonorité chaude, douce du soliste a donné le ton. L’accompagnement de cordes, a été toujours présent, sans jamais dominer, et a mis en valeur le magnifique solo dans tous les registres de l’instrument. Une magnifique découverte d’un romantisme un peu tardif mais ô combien convaincant. Quant au clarinettiste qu’en dire ? les superlatifs sont inadéquats tant c’était la beauté du phrasé, l’homogénéité du son, la fluidité des mélodies qui restent en mémoire. Quatre mouvements pendant lesquels le temps restait suspendu, jusqu’au retour du thème et de l’ambiance initiaux de cette belle sonate.

Puis il y eut le feu d’artifices de la Fantaisie de concert sur Carmen, de Pablo de Sarasate, écrite initialement par et pour le violoniste virtuose. Ici c’est le clarinettiste virtuose qui a ébloui l’assistance, dans tous les registres de son instrument allant du plus profond chalumeau au suraigu qu’on aurait pu imaginer inaccessible. Et toujours la même belle homogénéité de son, un détaché époustouflant et pas d’effet inutile…. Quel magnifique artiste, qui joue sur un modèle d’instrument (et une marque française bien sûr) que peut-être certains utilisent… comment se fait-il qu’il y ait une telle différence entre Nicolas Baldeyroux et nous ? Un seul regret : c’était trop court… 35 minutes tout de même, quasiment comme un grand concerto romantique pour violon. C’est dire aussi la performance !
Puis après une pause bien méritée l’orchestre est revenu sous la baguette de Benjamin Lévy. Un chef qui a sans doute fait l’unanimité… et qui a présenté la symphonie avec gentillesse, humour et simplicité avec la complicité de l’orchestre qui a bien failli danser lorsque Marina Beheretche a fêté son retour avec une danse écossaise bien entraînante ! Ensuite l’interprétation donnée avait toutes les qualités qu’on pouvait espérer, de la justesse des tempi aux soli des différents pupitres, avec un dynamique à laquelle on ne pouvait qu’adhérer. Nous espérons revoir Monsieur Benjamin Lévy au plus vite, au pupitre de l’Orchestre du Pays-Basque – Iparradelko orkestra !
L’Ecossaise a été magnifiquement servie samedi soir à Tanka, mais ce sont les Français qui ont gagné !
Le prochain rendez-vous sera lui aussi original, mais avec une toute autre ambiance « Autour de Ravel » de Ciboure à Lahonce et Bayonne les 4-5-6 avril…