Festoyons !
Attiré par un alléchant « Festoyons ! », le golfeur mélomane s’est précipité à l’auditorium Grenet à l’heure… de l’apéritif ce dimanche matin (un peu tôt peut-être ?). Il y a trouvé un bel ensemble de cordes, une flûtiste à bec, un théorbiste-guitariste, une claveciniste et un percussionniste ! Que du beau monde et d’excellents musiciens ! Une très belle musicalité, un très bel accord – il faut reconnaître que cette opération périlleuse a été répétée plusieurs fois, mais c’était utile et efficace et une belle complicité des instrumentistes pourraient décrire cette matinée.
Le programme comprenait donc des œuvres qui auraient pu être jouées dans le centre de Bayonne au début du XVIIème siècle lors de la retraite de la veuve de Charles II d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg. Peut-être le veuvage fit que les pièces n’étaient pas toutes d’une gaité exubérante…et puis festoyer à Bayonne en ce début de XVIIIème siècle dans des salons de cour était sûrement plus élégant et raffiné que lors des journées estivales actuelles…. En tout cas l’interprétation m’a semblé tout à fait respecter la lettre et l’esprit des partitions. Les pièces choisies dans le Bourgeois Gentilhomme de Lully-Molière, ou celles de Duron dans la « Guerra de los gigantes » ont montré une certaine réserve raffinée. Après une sonate un peu austère de Reincken, et une belle passacaille de Cabanilles le décor a peu à peu évolué. Le grand solo de théorbe dû à Robert de Visée, a permis d’apprécier, malgré cette grande salle qu’est Grenet, le jeu subtil de Ronaldo Correia de Lima Lopez et aussi de retrouver la richesse de cette musique intimiste.

L’ambiance a carrément changé avec la Folia ou les Folies d’Espagne selon que l’on parle de Corelli ou de Marin Marais. La dynamique et les variations savantes ont conclu ce concert en une fête sonore servie par tous les instrumentistes qui ont été à chaque fois excellents. Une remarque m’est venue à l’esprit : qu’il s’agisse de musique baroque ou de grand orchestre symphonique un percussionniste a besoin d’un attirail à la fois curieux et divers… et nombreux ! Entre la plaque du tonnerre, la grosse caisse, les différents tambours, les grelots autour des jambes etc… seul un spécialiste peut survivre… et donner une ponctuation essentielle ! Merci à Stéphane Garin qui a donné l’impression de bien s’amuser avec tout son équipement !
Festoyons, soit, mais dans la discrétion et l’élégance… et finalement merci de ce moment de calme, de sérénité ! Faire la fête n’implique pas de faire du bruit, heureusement !
Prochain et dernier concert le 12 juin à Tanka avec Emmanuel Moreau au violoncelle pour le concerto de Dvorak. Et pour finir la splendide 3ème symphonie de Brahms, tous sous la direction de Victorien Vanoosten, avant une rencontre festive dans les jardins attenants ! Et sans oublier l’avant-concert le 11 juin….