Le Golfeur Mélomane et Gourmand…
La Rêvolution du chocolat ! tout un programme autour de l’histoire des cocottes, lapins et œufs programmée un Vendredi Saint à Garazi et le matin de Pâques à Bayonne, ou pour d’autres lors d’un premier long week-end dont nous sommes devenus si friands ! Quelle gageure ! Mais ces dates n’ont pas n’a pas empêché les auditeurs d’être plutôt nombreux et en tout cas fort heureux d’avoir pu assister à un magnifique moment artistique hybride alliant voix, instruments, iconographie et textes de conférence… sans oublier l’ouverture chocolatée offerte par l’Académie du Chocolat ….
Le programme savamment choisi faisait alterner des compositeurs plus ou moins connus, et se terminait par la « Fille Chocolat » d’Olivia Ruiz… Les musiciens ont été, comme d’habitude excellents et, comme d’habitude, semblaient tout à fait heureux d’être là ! Il faut dire qu’entre la présence lumineuse de Odile Heimburger et les textes, concis, passionnants, les illustrations de Jean-Yves Roques toute la salle a été envoûtée par le « divin breuvage »…. Cette conférence était riche, énoncée avec ce qu’il fallait de simplicité, d’humour et d’érudition allant des arts pré-colombiens aux peintres du XXème siècle… Combien ont été importantes ces découvertes par les conquistadores de ce Monde si riche d’or… mais aussi de coutumes et usages si particuliers, dont celui de ce mélange amer xocolli alt devenu après bien des aventures en terre européenne le chocolat txocolat que nous connaissons ! Et le cacaotier a gagné les ontnents… maintenant c’est en Afrique qu’est réalisé l’essentiel de la production, après que quelques fèves aient été passagères clandestines dans le tube digestif d’astucieux voyageurs. Le chocolat serait-il une drogue ? certainement mais pas prohibée !
Le concert lui-même a permis de retrouver la voix si expressive, puissante et souple, de « soprano -colorature-dramatique » (je ne sais pas si l’alliance des termes est reconnue par le Conservatoire !) d’Odile Heimburger dans une série de pièces allant du Brésil de Heitor Villa-Lobos, à la chanson « « pop » d’Olivia Ruiz « La femme Chocolat » de 2005…. Entre les deux une pièce mexicaine du début XXème siècle, mais aussi de l’orientalisme hispanisant français avec Delibes, Bizet ou Gounod.
La venue des Juifs expulsés de l’Espagne vers le Portugal, puis du Portugal vers Bayonne (entre autres villes) a été à l’origine de l’implantation d’une industrie du chocolat florissante, limitée à des quartiers bien spécifiques du Bayonne ancien… ou d’autres parties du Pays Basque. Le magnifique Kaddish de Maurice Ravel, remarquablement interprété par Odile Heimburger et un superbe duo violon – contrebasse sur des thèmes klezmer ont rendu hommage à cette époque qui a tant compté pour l’histoire du chocolat à Bayonne. Bravo tout particulier à Arnaud Aguergaray et Marin Béa pour cette belle improvisation !
Le programme a connu aussi un moment très « Côte Basque » avec le si beau 1er mouvement du Quatuor à cordes de Ravel, par le quatuor Arnaga reconstitué pour l’occasion… en effet Marin Béa avait alors quitté brièvement la scène avec sa contrebasse. Alors, certes, les dates n’étaient sans doute pas optimales et je sais combien c’est difficile d’organiser une programmation, donc compatis avec l’organisateur ! Mais le moment artistique était enthousiasmant, enrichissant… gageons qu’il « tournera » dans d’autres cités gourmandes ? En tout cas le golfeur mélomane en redemande !