Michlé – Le Livre des Paraboles
C’était Beau et Vrai. Tout est dit, inutile de rajouter les superlatifs habituels. Vendredi soir la création de l’oeuvre de Joël Merah a, dès le prélude pour les voix du chœur Ascèse accompagnées de la vielle à roue, emporté l’auditeur dans le Beau et le Vrai avec la complicité de Hildegarde von Bingen.
Le Beau avec l’écriture musicale du Livre des Paraboles, qui faisait appel à un orchestre Symphonique imposant, tout au service d’une composition sans temps mort, dans une progression dont la nécessité s’imposait d’elle-même, dans la continuité de l’émotion. Aucun moyen de s’évader par distraction ou ennui ! Les seules évasions possibles étaient poétiques. C’était le Vrai d’une composition inspirée. L’Orchestre du Pays Basque, renforcé pour l’occasion par les cordes en nombre adéquat, a assuré une prestation impeccable, avec des équilibres dynamiques et des sonorités dignes des meilleures formations. Les cuivres avec, en particulier, les 5 sourdines pour chaque trombone, les bois avec contrebasson, clarinette basse, cor anglais, les percussions avec leurs cordes sonores dont je ne retrouve pas le nom, les différents claviers… tous, ont été admirables, sans jamais écraser les cordes ou, surtout les magnifiques choristes du choeur Ascèse, réparties en deux ensembles de 8 chanteuses, dans l’orchestre.
Le Beau et le Vrai par l’adéquation de la musique à la poésie des textes bibliques.
Après une série de rappels bien mérités pour le compositeur… tout le monde a pu profiter de l’entracte.
Et, ensuite, toujours dans le Beau et le Vrai, la très originale œuvre de Philippe Hersant pour Chœur de femmes et basson : Le Chant Nocturne du Voyageur… La découverte a donc continué avec le basson de Johanna Pensec, son beau son et son interprétation Vraie, sans effet inutile ! Quelle œuvre magnifique, magnifiquement interprétée
Suivait une orchestration de la Première Communion de la Vierge, d’Olivier Messiaen extraite des Vingt Regards sur l’Enfant Jésus. L’orchestration signée Joël Merah était toujours réussie même si elle transfigurait l’esprit de l’orignal pour piano.
Le concert, généreux se terminait sur les Nocturnes de Debussy. L’acoustique n’était peut-être pas assez détaillée pour rendre justice à la belle interprétation qui en a été donnée…
Ces Nocturnes se terminent par le Chant des Sirènes, qu’il ne faudrait pas écouter si l’on en croit Homère ! Mais impossible de lui obéir, même non attaché aux (durs) bancs de l’église … Les dames du chœur Ascèse ont été enchanteresses !
Mais il y eut un bis, Beau et Vrai lui aussi avec un hommage au guitariste Sylvain Luc, disparu bien trop prématurément. Un Agur Jaunak pour grand orchestre, accordéon et surtout les choristes d’Ascèse, très poignant.
Évidemment il n’est pas possible d’oublier la direction précise, claire (même vue de dos) et inspirée de Victorien Vanoosten et le magnifique travail préparatoire de Philippe Mendes avec les dames du Chœur Ascèse. Et encore bravo à Joël Merah qui a montré ses talents d’orchestrateur et surtout de compositeur.
La soirée aurait été parfaite si la Scène Nationale avait bien voulu réserver la zone habituelle des Abonnés de L’Orchestre… en plus de celle qu’elle avait prévue pour un autre groupe….