Mozart et Saint-Saëns, œuvres de jeunesse
Au Théâtre Michel Portal, l’Orchestre du Pays-Basque – Iparraldeko-orkestra, et le Golfeur Mélomane avaient effectivement rendez-vous avec la jeunesse : celle des compositeurs tout d’abord, avec le Concerto K271 de Mozart déjà âgé de 21 ans, puis la symphonie el la majeur de Camille Saint-Saëns, composée alors que celui-ci n’avait que 15 ans et enfin et surtout celle de la soliste, Arielle Beck, tout juste 16 ans… mais aussi des étudiants issus de Musikene, le Centre Supérieur de Musique de Donostia, avec lequel le Conservatoire Maurice Ravel a un partenariat régulier.

L’après-midi débuta avec une pièce au titre énigmatique 117 :2c pour orchestre à cordes de Benjamin Attahir, écrite en 2020 mais donnée ici pour la première fois en public. Le compositeur tout aussi absent que la semaine passée lors de la création de son septuor « Rejaillir » n’a donc pas pu nous éclairer sur son propos. La pièce relativement brève a été parfaitement maîtrisée par les cordes sous la direction précise de Chloé Meyzie. Très virtuose, avec, vaguement une forme d’ouverture « italienne » vif-lent-vif la pièce était plaisante à écouter, sans doute car elle était beaucoup moins complexe et novatrice que « Rejaillir », que le Golfeur Mélomane avait pourtant beaucoup appréciée le 4 avril !

Cependant la suite du concert était beaucoup plus classique et accessible. Elle permettait d’entendre, tout d’abord, la déjà célèbre Arielle Beck, qui donna une interprétation claire, délicate, élégante mais non sans vigueur du 9ème concerto de Mozart… Un très beau moment avec cette œuvre au titre lui aussi un peu énigmatique « Jeunehomme »… si, nous, anciens, avions appris qu’il s’agissait du patronyme du dédicataire de l’œuvre, il semblerait que les recherches plus récentes n’aient pas réellement éclairci le mystère, en tout cas aucune personne identifiable n’a été retrouvée…. Qu’importe, le langage audacieux pour l’époque, la construction à la fois dramatique et galante sont inventifs et Arielle Beck a donné toute sa mesure à cette œuvre, se jouant des contrastes, sans jamais les « surjouer », avec un jeu précis aux coloris exquis, avec également de beaux passages lyriques, voire tendres. En bis une pièce de Bach achevait de convaincre un public qui lui fit un accueil aussi chaleureux que mérité.
Le concert finissait donc avec la symphonie en la de Saint-Saens, à la fois classique par sa forme générale et novatrice dans ses passages légers, aériens… Le premier mouvement évoquait par son thème le final de la symphonie Jupiter de Mozart « do-ré-fa-mi » issu du grégorien et qu’on peut aussi trouver chez Bach ou Haydn…mais le traitement était ici largement différent. Sans doute aussi le tout jeune étudiant du Conservatoire connaissait-il Mendelssohn et Berlioz… L’interprétation sous la baguette de Chloé Meyzie en a été enlevée, sans aucune brusquerie et avec ce qu’il fallait de lyrisme. Une très belle réussite ! Et un bis permit de réentendre la toute fin de la symphonie

Au final… un très agréable concert, mêlant de la création contemporaine à des œuvres de la jeunesse de maîtres connus de tous, le tout servi par deux excellentes musiciennes…
Prochain rendez-vous « Terre de cuivres » les 16-17-18 mai 2025.